Ça ne sert à rien de vendre nos produits de valeur à l’étranger alors que nous-mêmes ne savons pas leur accorder la valeur qu’ils méritent.
Yetu Qahwa, pourquoi dire Qahwa au lieu de Kahawa ?
La dénomination “Qahwa” vise avant tout à préserver l’authenticité de la marque. Si l’on remonte à l’histoire, le mot n’était pas prononcé “Kahawa” comme aujourd’hui, mais plutôt “Kahwa”. Quant au “Yetu”, il a aussi une raison d’être.
Laquelle ?
La fabrication de mon café repose entièrement sur des produits congolais : le café provient des petits producteurs et des coopératives locales avec lesquelles je travaille étroitement. Je me suis dit qu’il était essentiel de créer un produit qui valorise le café congolais.
Qu’est-ce qui différencie votre café de celui de vos concurrents ?
Mon café ne nécessite pas grand-chose pour être consommé. Il se distingue d’abord par sa présentation : une boîte contenant 20 coffee bags, de petites pochettes de café. Ensuite, sa qualité est nettement supérieure.
Mais ici, beaucoup de gens disent qu’ils ne consomment pas de café parce que c’est amer. Que leur répondez-vous ?
C’est vrai, mais les gens doivent savoir que le café n’est pas simplement amer, il est aussi bon. Malgré son amertume, on peut y découvrir des arômes subtils. Vous ressentirez des saveurs florales et fruitées qui vous plairont certainement.
Dans mes produits, par exemple, vous pouvez facilement détecter un arrière-goût de fruits tropicaux, avec des notes de vanille, de chocolat et de pomme. C’est vraiment agréable.
J’en profite pour encourager la population congolaise à consommer nos produits locaux, car ils nous rendent fiers. Ça ne sert à rien de vendre nos produits de valeur à l’étranger si nous-mêmes ne savons pas leur accorder de l’importance.
À part l’aspect commercial de votre métier, avez-vous un lien particulier avec le café ?
Oui, je suis une professionnelle de la dégustation des cafés de spécialité. J’ai été formée par des experts reconnus mondialement, certifiés par le Coffee Quality Institute (CQI). J’ai eu la chance de participer en tant que juge à deux ou trois éditions du “Saveur du Kivu”, un grand événement qui réunit acheteurs, exportateurs et torréfacteurs du monde entier pour discuter du café congolais, en particulier celui du Kivu.
Publié par le New York Times, par Next Generation Leaders, etc., quel message faites-vous passer lors de ces occasions ?
Lors de ces occasions, j’encourage les gens à consommer le café congolais, à ne pas hésiter à entrer en contact avec les producteurs congolais et, surtout, à soutenir les petits producteurs. Plus ils achètent des produits congolais, plus ils contribuent, d’une manière ou d’une autre, à l’amélioration des conditions de vie de ces petits producteurs qui travaillent dur dans les plantations et les champs pour nous offrir des produits de grande qualité, très appréciés sur les marchés internationaux.
J’en profite également pour inviter les gens à visiter le Congo. Quand ils entendent parler de la RDC, je voudrais qu’ils ne pensent pas immédiatement aux conflits ou aux guerres, mais qu’ils envisagent aussi le bon café qu’ils peuvent y trouver, ainsi que l’aspect positif qu’ils peuvent découvrir ici, grâce à nos différentes cultures.